Sur les pas de l'abbé Raynal

2013 - ANNÉE RAYNAL

Rodez - Paris - Berlin 1713-2013


Manifestations organisées pour la commémoration du tricentenaire
de la naissance du philosophe Guillaume-Thomas Raynal.
Né à Lapanouse de Séverac 12 avril 1713,
décédé à Chaillot le 6 mars 1796.

Tricentenaire

Figure tutélaire de la lutte contre l’esclavage, c’est l’abbé Raynal, philosophe français qui le premier dès 1770, impose l’idée abolitionniste par son ouvrage majeur l’Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes. Par son succès sans précédent, l’ouvrage porteur des idées des Lumières, « Bible des deux mondes » selon Michelet, sera l’ouvrage de référence de l’idéal démocratique sur tous les continents.
Plébiscité pour être député aux Etats généraux, Raynal n’accepta pas cette responsabilité vu son âge.

Tricentenaire

Elevé au collège des Jésuites d'abord à Rodez, puis à Toulouse, Raynal entre, après de longues études, dans la Compagnie de Jésus et devient professeur. Il enseigne les humanités à Béziers, l'éloquence à Clermont et la théologie à Toulouse. Ordonné prêtre en 1743.

Il quitte les Jésuites au bout de quatre ans pour «monter à Paris», en 1746, où il est prêtre desservant de la paroisse Saint-Sulpice. Devenu précepteur dans de grandes familles, apprécié pour son agilité d'esprit et de plume, Raynal devient le collaborateur de parlementaires dont il rédige les rapports. Ses travaux le font adopter comme nouvelliste par des membres du gouvernement, c’est ainsi que naîtront ses premiers ouvrages : l’Histoire du Stadhoudérat (1747) et l’Histoire du Parlement d’Angleterre (1748).

Vers la même époque il devient le correspondant de la Cour de Saxe Gotha et rédige, à partir de 1747, les Nouvelles littéraires dont il abandonnera la rédaction à son ami Grimm au bout de cinq ans. Il se fait alors remarquer par une activité prodigieuse en publiant de nombreux ouvrages de littérature et d'histoire. En remerciements des services rendus, le duc de Choiseul lui procure en 1750 la direction du Mercure de France.

Familier des milieux littéraires, politiques et financiers, il fréquente les Salons et rencontre les encyclopédistes. Helvétius, d'Holbach, Marmontel et Diderot sont de ses amis. Il aide Rousseau à ses débuts et Voltaire le propose comme correspondant à l'Empereur Frédéric II. Il devient membre de la Royal Society de Londres et de l'Académie de Berlin.

De la fréquentation des philosophes dont il partage l'idéal, de sa connaissance de l'histoire et de la politique, ainsi que de son expérience de l'édition, naîtra un grand projet de publication : la rédaction d'une encyclopédie géographique, historique et politique du monde... C'est en 1770 que parait à l'étranger et sous l'anonymat l'Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes. Introduit en France en 1772, le livre qui conteste le pouvoir royal et le pouvoir religieux fait scandale. Il est aussitôt interdit par un arrêt du Conseil. En 1774, parait une nouvelle édition plus virulente dans laquelle Diderot et Raynal s'enflamment, et où apparaît le portrait de l'auteur ; elle est aussi tôt mise à l'Index par le clergé. Une troisième édition encore plus violente est publiée en 1780. Le Parlement de Paris condamne l'ouvrage à être lacéré et brûlé par la main du bourreau en place publique.

Contraint à l'exil, Raynal fonde à l’académie de Lyon (1781) un prix sur « les avantages et les inconvénients de la découverte de l’Amérique » avant de se rendre aux Pays-Bas où se multiplient les éditions de l’Histoire des deux Indes. Il voyage en Allemagne où il est reçu par Frédéric II et fonde un prix sur « les devoirs de l’historien » (1783) puis en Suisse où il fait ériger un monument à la gloire de Guillaume Tell et de la liberté sur la presqu’île d’Alstadt.

Autorisé à rentrer en France, il se rend à Saint-Geniez, en 1784, où il est reçu en triomphateur. Il accompagne la création de l’Assemblée provinciale de Haute Guyenne par la fondation de prix destinés à encourager le développement de l’agriculture dans les provinces. Il s'installe à Marseille où il fonde un prix sur la justice : « L'extrême sévérité des lois tend-elle à diminuer le nombre et l'énormité des crimes » (1786) qui pose la question de la peine de mort. Il anime des déjeuners philosophiques, fonde plusieurs prix à l’Académie des Sciences (1788), Académie Française (1788), l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres (1789), et reçoit les personnalités de passage qui viennent le consulter : Arthur Young, Miranda, Bonaparte…

Vénéré comme « l'Apôtre de la Liberté », il est plébiscité comme député aux Etats Généraux. Invoquant son grand âge Raynal refuse, et c'est de Marseille qu'il suit les événements qui marquent le début de la Révolution dont il était un des propagandiste.

De retour à Paris en 1791, Raynal remet le 31 mai une lettre à l'Assemblée Nationale dans laquelle il revient sur les principes qu'il avait défendus dans l’Histoire des deux Indes, et critique courageusement les excès du nouveau régime. Robespierre n’apprécie pas ce désaveu et de la tribune de l’Assemblée l'accuse de sénilité. Son immense popularité lui évite le pire, mais il est discrédité auprès du public par une campagne de dénigrement et tombe dans l’oubli.

Quelques mois avant sa mort, alors qu’il poursuit sans cesse l’actualisation de l’Histoire des deux Indes, Raynal entre à l'Institut. La même année, le monument à la Liberté qu’il avait bâti près de Lucerne sera détruit par la foudre. Les Républiques successives ne restaureront jamais sa gloire, mais ses héritiers spirituels perpétuent jusqu'à nos jours son idéal de Liberté, d'Egalité et de Fraternité.

Tricentenaire

Après plus de 200 ans d’oubli, près de 50 années de travaux scientifiques sont parvenus à replacer le philosophe Raynal au cœur de l’histoire contemporaine, comme il était naguère au cœur de l’Europe des Lumières et présent par son livre sur tous les continents.

Il est devenu aujourd'hui fondamental de redonner sa place à une œuvre phare du patrimoine culturel français, témoignage du génie des Lumières et véhicule, hier comme aujourd’hui, des valeurs humanistes et républicaines.

Les manifestations du Tricentenaire sont destinées à dévoiler la portée universelle et le rôle planétaire de Raynal dans la conquête des Droits de l'homme et du citoyen et sa place capitale en tant que précurseur de la lutte contre l'esclavage et promoteur de l’idéal républicain.

Tricentenaire
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